Si vous aussi êtes curieux d’en apprendre plus sur l’aquarelle et ses spécificités et que vous souhaitez comprendre un swatch à l’aquarelle, voici un article rédigé par la Merlette pour vous !
Sommaire
Pourquoi peindre des swatches ?
C’est quoi un swatch à l’aquarelle ?
Vous l’avez peut-être découvert à travers les fiches de chaque couleur ou dans les swatches en vidéo, j’utilise un gabarit qui me permet de tester chacune de mes aquarelles artisanales. Mais c’est quoi un swatch ?
Un swatch est une démonstration d’une couleur sur papier. Grâce à un swatch vous pouvez en apprendre énormément sur l’aquarelle… Pour peindre un swatch, vous attrapez votre aquarelle, un pinceau, de l’eau et du papier et vous utilisez tout simplement la couleur telle que. Un swatch est souvent peint en forme de rectangle ou de rond . Ce sont des formes basiques qui ne demandent pas de savoir dessiner.
Que pouvez-vous observer avec un swatch ?
Déjà, information numéro 1 : sa couleur, sa nuance, son ton… Est-ce de l’aquarelle bleue ? Ou est-ce une aquarelle de couleur verte qui tire vers le bleu ? Voilà autant d’informations qui peuvent servir pour faire vos mélanges… Si d’ailleurs cela vous intéresse, j’ai filmé un tutoriel en vidéo pour faire à l’aquarelle son nuancier. C’est le tutoriel de base pour les aquarellistes débutant !
Ensuite, un swatch sert également à en apprendre plus sur les caractéristiques des couleurs. Par définition, l’aquarelle est une peinture transparente et lumineuse. Personnellement, je travaille chacune de mes recettes pour obtenir le plein potentiel des pigments tout en gardant la luminosité et le plus de transparence possible.
Cependant, peut-être l’avez-vous déjà remarqué, certaines couleurs sont bien opaques pour de l’aquarelle… Prenons le cas de Râ qui est de l’ocre jaune de Puisaye. C’est normal que cette aquarelle soit moins transparente que d’autres couleurs ! La recette a beau être la même, chaque pigment va induire un comportement différent. Ainsi, l’ocre est souvent plus opaque que des pigments à base de phtalocyanine par exemple (comme Lagone).
Avec quoi je peins mes swatches ?
Comme je l’explique sur la page des swatches des aquarelles artisanales en vidéo, je me sers de plusieurs papiers pour faire mes échantillonnages. Selon la qualité du papier, sa composition, les résultats sont très différents. En variant les papiers et en les sélectionnant avec soin, j’espère vous garantir des swatches de qualité. Vous savez ainsi plus précisément ce que vous obtiendrez en peignant vos illustrations avec mes aquarelles artisanales.
J’ai deux types de swatches :
- le swatch simple sur papier artisanal au grain torchon qui est un simple dégradé de la couleur
- le swatch détaillé sur papier plus fin que je peins avec un gabarit qui est toujours le même
Je me sers d’un tampon fabriqué par La Compagnie des Elfes, artisan fabricant de tampons dans le Lot : le tampon cadre. Nous l’avons conçu ensemble pour qu’il me fasse gagner du temps. Il est donc disponible chez la Compagnie des Elfes si vous souhaitez l’utiliser et comprendre vos couleurs à l’aquarelle ! Personnellement, ce tampon me permet de donner des indications sur les propriétés de mes aquarelles artisanales car je l’utilise pour toutes les couleurs.
Quelles sont les caractéristiques de l’aquarelle ?
Les propriétés de l’aquarelle avec le tampon swatch
Comme je l’explique plus haut, le tampon me permet d’avoir un cadre pour faire mes échantillonnages de couleurs rapidement. Si vous êtes plutôt friand d’explications en vidéos, voici la démonstration du tampon :
Sinon, voici comment je m’y prends :
- Je note le nom de la couleur ou une date en haut. Vous pouvez également noter le nom des pigments quand ils sont donnés par le fabricant (ce qui est mon cas).
- Le cadre avec la barre noire d’opacité me permet de faire un dégradé mais aussi de définir la transparence de la couleur.
- Il y a un autre cadre dans lequel je fais des petits aplats de couleur ou des tests de réaction (par exemple en rajoutant du sel, du vinaigre blanc, de l’alcool, etc.)
- Le cadre du bas à gauche me permet de faire un retrait et de voir la ténacité de la couleur.
- Dans le cadre du bas à droite, je peins avec la technique “mouillé sur mouillé” pour voir la dispersion des pigments dans l’eau et la capacité de certaines couleurs à se séparer.
J’ai commencé les swatches détaillés en vidéo sur ma chaîne Youtube, et si cela vous intéresse, voici un exemple avec la couleur Invidia.
Du vocabulaire pour comprendre l’aquarelle
Enfin, voici sûrement la partie la plus importante de cet article ! Pour bien comprendre l’aquarelle voici ses caractéristiques principales. Vous pouvez soit les observer vous-même soit elles vous sont fournies par le fabricant. Si vous avez envie de suivre ces explications en vidéo, j’ai fait une démonstration des propriétés de l’aquarelle sur ma chaîne youtube.
La nuance et la teinte de la couleur
Avec un swatch d’aquarelle, vous pouvez identifier et apprendre à connaître le(s) pigment(s) et décrire la couleur. Voilà quelques repères pour décrire une aquarelle et pour un complément très intéressant je vous recommande cet article sur le vocabulaire de la couleur.
- la couleur (teinte ou nuance) de façon plus ou moins précise : bleu, vert, jaune, rouge ou encore rouge cadmium, vert canard, bleu cyan…
- la saturation : une couleur saturée est pétante tandis qu’une couleur désaturée ou insaturée est plus terne/grise (sans que cela soit péjoratif). La saturation peut aussi se rapporter à l’intensité de la couleur. Une couleur est plus ou moins diluée dans l’eau pour l’aquarelle et donc sa quantité de pigment est plus ou moins importante.
- le ton chaud ou froid : une couleur froide tire vers le bleu et une couleur chaude vers le jaune.
Le plus simple pour se rendre compte quand on débute à l’aquarelle, c’est de comparer les échantillonnages entre eux.
Identification des pigments qui composent la couleur
Les fabricants donnent le nom de la couleur et, parfois, ceux des pigments utilisés selon la nomenclature du Colour Index. J’ai abordé ce sujet précisément dans cet article.
La résistance à la lumière
Toutes les aquarelles ne sont pas égales face à l’exposition à la lumière. Voilà les types de changement que vous pourrez observer : ternissement ou changement de teinte.
La résistance à la lumière est donnée d’après des recherches et les informations fournies par les vendeurs de pigments. Il est bon de noter que pour qu’une couleur fugitive ternisse, cela implique que vous exposiez votre peinture à la lumière directe du soleil et ce sur plusieurs années voire décennies.
La résistance à la lumière des aquarelles artisanales doit être testée par le fabricant lui-même lorsqu’il n’existe pas d’informations fiables sur les pigments.
Pour ma part, je souhaite mener mes propres tests et c’est en cours. En attendant, je partage les informations des fournisseurs de pigments et celles que je relève dans mes recherches sur des pigments qui sont stables et bien connus. Dans le doute, je ne vends pas de couleurs connues pour être fugitives. C’est le cas par exemple de l’indigo véritable que j’aurais aimé proposer mais qui n’est pas stable. Les pigments fugitifs (souvent d’origine végétale ou animale) ont été remplacés par beaucoup de fabricants industriels.
Si vous peignez pour votre plaisir sans exposer dans un musée ou en plein soleil, ou que vous ne vendez que vos reproductions, vous pouvez utiliser des couleurs peu résistantes à la couleur. Vous pouvez également décider d’exposer en toute connaissance de cause. Vous avez quand même quelques années devant vous avant de voir une une couleur ternir.
Permanence de l’aquarelle
La permanence est parfois confondue ou utilisée pour parler de résistance à la lumière. Certains fabricants utilisent ce mot pour parler de résistance dans le temps.
Transparence et opacité
La couvrance d’une aquarelle est notée de “opaque”, à “semi-opaque” puis à “semi-transparent” jusque “transparent”. Certains pigments laissent plus ou moins passer la lumière et c’est cela dont on parle.
C’est assez compliqué d’évaluer les nuances de semi-opaque et semi-transparent quand on est débutant à l’aquarelle.
Personnellement, je choisis le degré de transparence d’une couleur d’après mon expérience des couleurs industrielles et artisanales ainsi que des mes connaissances sur les pigments. Je m’aide surtout de la barre d’opacité de mes swatches. Si elle est visible quand je peins et au séchage, alors la couleur est transparente. Si elle n’est pas visible ou difficilement, la couleur est plutôt opaque.
Pendant plusieurs années, j’ai boudé les aquarelles opaques, pensant qu’elles n’apportaient pas assez de lumière dans des illustrations à l’aquarelle. Je suis revenue sur cette opinion en fabricant mes propres couleurs. En effet, avec le recul, je trouve qu’une peinture peut être très lumineuse tant qu’on n’abuse pas de couleur opaque et que tout le travail et le jeu se trouvent justement dans le dosage de l’eau !
La granulation
La granulation et la floculation d’une couleur : la tendance des pigments à se rassembler et à former un effet tacheté. Cela se voit d’autant plus sur des swatches peints sur du papier à grain torchon car les pigments viennent se rassembler dans les creux du papier.
Ce qu’il faut donc pour obtenir cet effet de granulation : un pigment qui va granuler naturellement, beaucoup d’eau et un papier texturé !
La granulation se réfère plutôt au phénomène observable sur des pigments lourds qui se sédimentent tandis que la floculation fait référence à des pigments plus légers qui se rassemblent par attraction.
Parmi les pigments bien connus pour granuler et que vous retrouver dans mes couleurs artisanales il y a le rose poterie (Proserpine) et le bleu outremer (Pontos).
Il existe également des médiums qu’on peut utiliser pour faire granuler des aquarelles qui ne granulent pas naturellement.
La tenacité
La ténacité ou la force de teinture : est-ce qu’en faisant un retrait avec un pinceau propre on retrouve la blancheur initiale du papier ou est-ce que la papier est vraiment teint en profondeur ? Cela dépend des pigments et de la recette. C’est utile à savoir pour utiliser la technique du retrait.
D’ailleurs, voilà une petite astuce si une goutte d’aquarelle très teintante arrive par accident sur votre papier coton blanc. D’abord absorbez l’excédent avec un mouchoir propre et ensuite venez retirer avec un pinceau propre (rincez bien le pinceau à chaque retrait). Si la tâche est déjà sèche, déposez une goutte d’eau propre par-dessus, attendez une minute et absorbez l’excédent comme précédemment.
Les aquarelles duochromes
La séparation dans l’eau des pigments survient en cas de mélanges de pigments. Avec beaucoup d’eau certaines couleurs se séparent. Il semble de plus en plus commun de parler alors de couleur duochrome si les pigments se séparent dans l’eau. C’est également un terme qu’on retrouve pour des couleurs qui révèlent des nuances différentes selon la lumière (les aquarelles caméléon).
Il est classique par ailleurs de parler d’aquarelle duochrome pour désigner une œuvre peinte dans deux couleurs distinctes (noir et bleu par exemple).
La dispersion des couleurs dans l’eau
La dispersion dans l’eau concerne la capacité de certaines aquarelles à se diffuser plus ou moins vite sur le papier mouillé préalablement. Des pigments très lourds ont tendance à se déposer sur la papier sans fuser et se disperser rapidement et facilement tandis qu’avec certains pigments c’est l’inverse.
Ma notation personnelle est la suivante : “normale”, “lourde” ou “rapide”. Pour ma part, je ne travaille pas l’aquarelle pour en modifier cette caractéristique qui est donnée pas les pigments. Libre à l’aquarelliste de rajouter des additifs dans son eau pour faire fuser ou diffuser rapidement la couleur sur le papier.
Pour tester la dispersion dans l’eau de votre couleur, peignez une couche d’eau propre sur le papier et déposez une goutte de la couleur diluée préalablement dans de l’eau. Selon le dosage de l’eau sur le papier et la qualité du papier, il peut y avoir des différences. Vous remarquerez que certaines couleurs stagnent sur le papier (les pigments sont lourds) ou au contraire que la couleur fuse rapidement et se répand sur toute la surface mouillée.
J’espère que cet article vous aura apporté des informations et vous aura appris à (re)connaître les caractéristiques de chaque aquarelle ! Si vous souhaitez en savoir d’avantage, il y a cet article : L’aquarelle de la Merlette est « extra-fine », dans lequel j’ai abordé l’identification des couleurs par leurs pigments, et l’article Les ingrédients de mon aquarelle artisanale, dans lequel j’ai abordé les aquarelles monopigmentaires.
c’est une bonne idée d’enlever l’excédent d’eau avant de faire sécher le godet à l’air libre, je ne l’ai pas fait sur mes aquarelles artisanales et certaines ont un genre de film maintenant qui m’empêche de les réactiver
Merci de ton retour !! Oui je vois ce que tu veux dire, dans ces cas-là mets une goutte d’eau, touille bien après repos, et enlève la peinture qui vient. Après selon la recette du fabricant ça a peut-être une explication que je ne connais pas !