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Le blanc à l’aquarelle : toutes les façons de peindre ou d’obtenir du blanc

Aujourd’hui, je vous propose de faire un tour complet du blanc à l’aquarelle. Nous allons voir ensemble les différentes façons de peindre ou d’obtenir du blanc : que ce soit pour peindre un sujet naturellement blanc (comme la neige, les nuages ou un ours polaire), ou pour ajouter de la lumière à une scène (comme le reflet du soleil sur l’eau), ou pour apporter de la vibrance à une aquarelle en laissant respirer les couleurs avec des touches de blanc.

Et ne soyez pas surpris, nous ne parlerons pas longtemps des pigments blancs, car l’essentiel du travail du blanc à l’aquarelle se fait sans eux.

Rajouter du blanc

Le réhaut, qu’est-ce que c’est ?

Le mot « réhaut » désigne le fait d’ajouter du blanc pour rehausser une couleur ou raviver la lumière. Mais à l’aquarelle, la lumière vient du papier lui-même. On anticipe donc souvent ces zones dès le départ, plutôt que de les rajouter à la fin comme on le ferait à la gouache ou à l’huile.
Il existe cependant des « astuces » ou des « techniques » où l’on ajoute du blanc en finition à l’aquarelle : dans ces cas-là, on peut bel et bien parler de réhaut.

Les techniques de réhaut à l’aquarelle

L’aquarelle blanche

C’est la première méthode à laquelle on pense quand on débute.
Il existe bien de l’aquarelle blanche : on trouve notamment le blanc de Chine (plutôt transparent), le blanc de titane et le blanc de zinc (plus opaques).
Cependant, à l’aquarelle, le principe est de travailler des couches les plus claires vers les plus foncées. Si, en fin de peinture, vous ajoutez des touches de blanc à l’aquarelle, le résultat peut être décevant.
Et si vous essayez d’éclaircir vos couleurs avec du blanc, vous obtiendrez souvent des mélanges laiteux, car ces pigments sont semi-opaques voire opaques. À l’aquarelle, on éclaircit avec de l’eau, pas avec du blanc.

Le mixed media

Une autre méthode accessible aux débutants consiste à combiner plusieurs médiums.
Une fois la peinture sèche, vous pouvez utiliser un stylo blanc (souvent décevant pour retrouver du blanc), du pastel sec, de la gouache blanche opaque (ma technique préférée), un crayon de couleur blanc, ou encore un Posca ou de la peinture acrylique.
Selon la texture de votre papier, ces outils réagiront différemment : sur un papier torchon, les crayons feront ressortir la texture, tandis que sur un papier satiné, vous obtiendrez un rendu plus uniforme.

Astuces pour préserver le blanc avant de peindre (débutants et niveau +)

Le fluide de masquage (ou drawing gum)

Le fluide de masquage permet de préserver les zones blanches du papier. Selon les marques, la couleur du fluide diffère, mais le principe est le même : on l’applique, on peint autour, puis on le retire.
Tous les papiers ne le supportent pas, il faut donc faire des tests avant de se lancer sur l’œuvre finale. Laissez toujours bien sécher avant de retirer le fluide, sinon le papier risque de s’abîmer.
Une astuce que je tiens de l’artiste Lucy Dreams : enduire légèrement le pinceau de liquide vaisselle avant d’appliquer le fluide pour éviter qu’il ne colle, et nettoyer ensuite à l’huile si nécessaire.
Utilisez vos pinceaux les moins précieux pour cette étape ! Personnellement, je travaille avec un pinceau en silicone, puis je peaufine avec un pinceau à détails protégé au liquide vaisselle.
On peut aussi détourner la technique en utilisant de la cire de bougie ou de la craie grasse, mais je ne l’ai jamais testée et il ne me semble pas qu’on puisse gratter facilement la cire ensuite.

Le ruban de masquage (ou masking tape)

Le ruban de masquage permet à la fois de fixer la feuille et d’obtenir des bords nets et blancs. On peut aussi s’en servir pour masquer de grandes zones, même si le rendu est forcément plus géométrique que celui obtenu au fluide de masquage.
C’est un bon complément quand les zones à préserver sont étendues. Je vous renvoie à la vidéo de la Danse Céleste de l’artiste Aemarielle pour en voir un exemple ! Attention toutefois au retrait : certains papiers s’arrachent facilement, donc testez avant sur un brouillon.

Réserver les blancs

C’est la technique par excellence du blanc à l’aquarelle. Elle demande de l’anticipation et c’est souvent ce qui pose le plus de difficultés aux débutants.
Le principe est simple : ne pas peindre les zones que vous souhaitez laisser blanches. Le blanc à l’aquarelle, c’est le papier !

Choisissez donc un papier dont la teinte vous plaît, car c’est lui qui servira de lumière à votre peinture. Quand on devient plus avancé en aquarelle on aura envie d’un papier qui mettra plus en valeur les couleurs et la lumière. Mais ça vient avec l’expérience et ce n’est donc pas un critère à prendre en compte quand on débute.

Conseils pour réserver les blancs

  • Vous pouvez tracer vos formes au crayon, ou peindre directement autour.
  • En humide sur humide, il suffit de mouiller autour de la zone blanche pour éviter que les pigments ne s’y diffusent.
  • Vous pouvez créer un dégradé du blanc vers la couleur, notamment en mouillé sur mouillé, une technique que j’aime beaucoup.
  • Enfin, la technique du pinceau sec sur papier sec permet de créer des zones blanches ou très claires en texturant la surface du papier. C’est idéal pour les arbres, les pelages ou tout effet irrégulier. C’est très agréable et ça ressort beaucoup mieux sur un papier à grain.

La peinture en négatif

Une variante plus avancée est la peinture en négatif, que j’ai expérimenté grâce à l’artiste Aemarielle. Il s’agit de peindre autour des zones que vous souhaitez garder claires ou blanches, par couches successives. Au plus les zones peintes sont foncées ou contrastées, au plus les zones non peintes vont ressortir. C’est du plus bel effet !

Les effets de texture pour créer du blanc

Plusieurs effets permettent de retrouver des blancs diffus ou des zones plus claires :

  • Le vinaigre blanc (résultat aléatoire selon les couleurs et peu durable),
  • Les gouttes d’eau,
  • Le sel,
  • Le grattage du papier avec un cutter, une gomme magique ou un papier de verre (sur papier sec ou encore humide). J’utilise parfois la pointe du manche de mon pinceau pour gratter légèrement la surface.

Si cela vous tente, j’en fait la démonstration dans cette vidéo tutoriel.

Ouvrir un blanc

Une technique que j’aime beaucoup consiste à retirer la peinture pendant que je peins. On appelle cela ouvrir un blanc.
Elle s’effectue pendant que la peinture est encore humide, avec un pinceau propre et sec pour absorber la couleur sans ajouter d’eau. Il faut souvent rincer le pinceau entre chaque geste.
On peut aussi le faire sur papier sec, en humidifiant la zone puis en tamponnant doucement avec un mouchoir.
La réussite dépend du pigment et du papier : certains pigments sont très tenaces, et les papiers coton s’en sortent généralement mieux que les celluloses d’après mon expérience.

En conclusion

Le blanc à l’aquarelle se travaille autant par anticipation que par retrait ou ajout. Il n’y a pas une seule méthode : selon votre sujet, votre papier et votre style, certaines techniques vous parleront davantage que d’autres.
L’essentiel est d’expérimenter, de tester, et d’observer comment vos couleurs réagissent. Vos goûts évolueront avec le temps, tout comme votre façon de gérer la lumière. Si je pouvais vous donner un dernier conseil : commencez par ajouter le blanc en fin de peinture, puis exercez votre œil à repérer petit à petit ces fameuses zones blanches afin de ne pas les peindre.

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